Amélie Poulain grandit isolée des autres enfants car son taciturne docteur de père lui diagnostique à tort une maladie cardiaque : son père ne la touchait jamais en dehors des examens médicaux, d’où l’emballement de son pouls lorsqu’il le mesurait. Sa mère, tout aussi névrosée que son père est inhibé, meurt alors qu’Amélie est encore jeune, écrasée accidentellement par une Québécoise qui se suicide en se jetant du haut de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Son père se renferme encore plus et dévoue sa vie à la construction d’un mausolée maniaque consacré à sa défunte épouse. Livrée à elle-même, Amélie développe une imagination étonnamment riche.
Quand elle grandit, Amélie devient serveuse dans un petit café de Montmartre, le Café des 2 Moulins, tenu par une ancienne artiste du cirque et occupé par des employés et des clients hauts en couleurs. À 22 ans, Amélie mène une vie simple ; ayant abandonné toute relation sentimentale après des tentatives ratées, elle prend goût à des plaisirs simples comme faire craquer la crème brûlée avec une cuillère, faire des ricochets sur le canal Saint-Martin, essayer de deviner combien de couples parisiens avaient un orgasme à chaque instant (« Quinze ! », lance-t-elle à la caméra) et laisse libre cours à son imagination.
Sa vie bascule le jour de la mort de la princesse Diana. Dans un enchaînement de circonstances qui suivent le choc de la nouvelle, elle découvre derrière une plinthe descellée de sa salle de bain une vieille boîte métallique (initialement une boîte de bergamotes de Nancy = allusion aux origines lorraines de J.P.JEUNET) remplie de souvenirs cachés par un garçon qui vivait dans son appartement plusieurs décennies avant elle. Fascinée par sa découverte, elle se met en quête de retrouver la trace de la personne maintenant adulte qui avait placé la boîte et la lui rendre, tout en établissant un marché avec elle-même : si elle le retrouve et le rend heureux, elle consacrerait sa vie à aider les autres, sinon, tant pis.
Après quelques erreurs et un minutieux travail de détective (aidée par le reclus Raymond Dufayel, un peintre surnommé l’« homme de verre » à cause d’une excessive fragilité osseuse), elle met la main sur l’identité de l’ancien occupant des lieux, place la boîte dans une cabine téléphonique et la fait sonner pour l’attirer alors qu’il passe à proximité. Lorsqu’il ouvre la boîte, il subit une révélation. Tous ses souvenirs oubliés d’enfance lui reviennent soudain à la mémoire. Elle le suit de loin jusque dans un bar et l’observe sans se découvrir. En voyant les effets positifs sur lui, elle décide de répandre le bien dans la vie des autres. Amélie devient alors une sorte d’entremetteuse secrète et d’ange gardienne. Elle persuade son père de poursuivre son rêve de faire le tour du monde (avec l’aide d’un nain de jardin et d’une amie hôtesse de l’air). Elle met également son grain de sel dans la vie des gens qu’elle côtoie au travail (et s’arrange pour que deux d’entre eux tombent amoureux), de la concierge de son immeuble et de Lucien, l’employé du propriétaire brutal de l’épicerie du coin.
Mais alors qu’elle s’occupe des autres, personne ne s’occupe d’elle. En aidant les autres à obtenir leur bonheur, elle se met face à sa propre vie solitaire – rendue encore plus apparente par ses relations chaotiques avec Nino Quincampoix, un jeune employé de sex-shop décalé qui collectionne les photos d’identité jetées sous les Photomatons et dont elle est tombée amoureuse -. Bien qu’elle l’intrigue avec diverses méthodes détournées pour le séduire (dont notamment une sorte de chasse au trésor pour récupérer un de ses albums photo perdu), elle reste terriblement timide et se trouve incapable de l’approcher. Elle doit recevoir les conseils de Raymond pour comprendre que l’on peut poursuivre son bonheur tout en s’assurant celui de ses amis et voisins.
D’autres, comme David Martin-Castelnau et Guillaume Bigot, ont estimé que ces critiques étaient injustifiées et qu’il s’agissait plutôt de la « bien-pensance libérale-libertaire » qui ne pouvait que rejeter la vision bienveillante et crédible des « petites gens ». Jean-Pierre Jeunet répondit à ces critiques en rappelant que Jamel Debbouze qui joue le rôle de Lucien (un nom français) est d’origine nord-africaine.
Grille de description des scènes
Description de l’image
ou de la scène
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Echelle des plans,
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angle de prise de vue
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Couleurs et éclairage
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Mouvements de la caméra
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Montage
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Bande sonore
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Gina qui apparaît du fond du café avec un plateau et des plats qu’elle va servir à quelques clients. |
D’abord plan général, puis plan rapproché jusqu’au gros plan |
Frontal |
Couleurs très vives (publicitaires) |
fixe |
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Voix off qui permet de donner un sens aux brusques changements (de plans, de sujets, de couleurs) et qui se superpose à la voix de Gina qui crie pour passer des commandes . La grand’mère guérisseuse |
On voit les mains de Gina qui fait craquer les os |
Plan rapproché |
frontal |
Noir et blanc (changement de la dimension spatio-temporelle) |
fixe |
Montage externe Flah-back |
Voix off qui explique l’image et qui se superpose aux bruits de fond |
Gina sert un kir-framboise à Hipolito |
Plan moyen |
Profil pour Gina , de face |
Couleurs qui reviennent (c’est le présent) |
Panorami
que |
Montage interne |
Toujours voix off |
Hipolito boit son Kir |
Gros plan |
Profil |
Contre-jour |
Travelling |
Montage par analogie |
Voix off qui raconte les manies d’Hipolito |
On voit les images d’une corrida |
Plan moyen |
Frontal |
Noir et blanc (changement de la dimension spatio-temporelle) |
Fixe |
Montage externe Flask-back |
Voix off qui se superpose aux sons de la corrida |
Apparaît Joseph |
Gros plan |
Frontal |
Couleurs |
Panoramique du haut en bas, puis fixe |
Montage interne |
Voix off sur les défauts de Joseph |
C’est toujours Joseph |
Très gros plan |
Frontal |
Couleurs |
Fixe |
Montage invisible |
La voix continue à parler de la jalousie de Joseph |
On voit les mains de Joseph au dessous de la table |
Gros plan |
Frontal |
Noir et blanc |
Fixe |
Montage invisible/flah back |
Vois off et bruit des pustules qu’on fait crever |
On voit apparaître Philomène |
Plan général , puis zoom |
Frontal |
Couleurs |
Fixe |
Montage interne |
Voix off |
Philomène lève le panier avec le chat dedans |
Plan rapproché |
Contre-plongée |
Couleurs |
Fixe |
Montage accéléré |
Voix off |
Le bruit du bol d’eau |
Plan rapproché |
Frontal |
Noir et blanc |
Fixe |
Flash back
Montage externe |
Voix off et miaulement du chat |
La scène d’une personne qui raconte des histoires aux enfants |
Plan général |
Frontal En contre plongée |
Noir et blanc |
Fixe |
Montage invisible |
Vois off |
Le clochard qui n’accepte pas l’aumône |
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Amélie va prendre le train |
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Scène du repas avec le père |
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Amélie au cinéma |
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Scènes de Jules et Jim |
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Quelques séquences
Amélie 1. Première séquence : générique du début
Transcription de la première séquence.
Le 3 septembre 1973 à 18 heures, 28 minutes et 32 secondes , une mouche bleue de la famille des califouridées, capable de produire 14.670 battements d’ailes à la seconde, se déposait rue saint Vincent à Montmartre.
A la même seconde, à la terrasse d’un restaurant à deux pas du Moulin de la Galette, le vent s’engouffrait comme par magie sous une nappe, faisant danser les verres sans que personne ne s’en aperçoive.
Au même instant au cinquième étage du 28 de l’avenue Trudaine, dans le IXème arrondissement, Eugène Colère, de retour de l’enterrement de son meilleur ami Émile Maginot, en effaçait le nom de son carnet d’adresses.
Toujours à la même seconde un spermatozoïde pourvu d’un chromosome X appartenant à M. Raphaël Poulain se détachait du peloton pour atteindre un ovule appartenant à Mme Poulain, née Amandine Fouet. Neuf mois plus tard naissait Amélie Poulain
Questions
– Normalement, le générique est-il à votre avis une partie importante ? pourquoi ?et ici ?
– Si oui, pourquoi ?
– Comment jugez-vous la musique ? Choisissez quelques adjectifs pour la définir
– Qu’évoque à votre avis l’utilisation des « cartons » noirs ?
– Qu’est-ce qui connote, caractérise
- les images au point de vue des couleurs ?
- leur contenu ?
- leur aspect formel ?
– On peut dire que la notion/pratique de la « citation » est très présente dans cette séquence…. Pourquoi ?
– La première voix qu’on entend à qui appartient-elle ?
– Quel type de narrateur dans cette séquence ?
– Relevez quelques trouvailles « astucieuses » dans ce début de film, notamment
- quelques détails « intrigants »
- quelques séquences de « narration mélodramatique »
- quelques parties de documentaires scientifiques
– Dites quelle est la caractéristique du montage…
– Dites ce qui guide la succession des images et leur donne un sens
– Qu’est-ce qui accompagne et contribue à rendre agréable et captivante cette succession ?
– Relevez la caractéristique des cadrages
– Les mouvements de la caméra, comment sont-ils ?
– Y a-t-il beaucoup de découpages ?
– Comment interprétez-vous les grosses lunettes portées par Amélie ?
– Quel rapport entre les images et les bruits de fond ? Sont-ils « diégétiques » ou « extra-diégétiques » (accompagnent-ils l’histoire racontée par les images ou pas?)
– Pourquoi peut-on parler d’écriture cinématographique « en abîme » ?
Réponses
- Le générique introduit au film. On trouve des génériques qui font seulement défiler sur fond noir ou sans images des titres, noms et autres informations ; on trouve des titres et noms qui défilent sur des images en mouvement qui introduisent au sujet et à l’action qui suivra quand les paroles et les textes arrêtent de s’égrainer sur l’écran et en fin ce type de générique qui est particulier car il sort des conventions cinématographiques et devient une partie du film, une séquence à part qui donne la clé d’interprétation du film.
- Musique captivante, évocatrice, musique simple et qui séduit par son harmonie répétitive
- L’utilisation des cartons évoque les filma muets, les films anciens et aussi une certaine habileté manuelle artisanale dans la construction du film, en même temps qu’un rappel à l’enfance et à des jeux enfantins : l’utilisation de la pâte à modeler semblable au « pongo » .
- les images sont particulières : très vives, couleurs brillantes, nettement séparées les unes des autres, elles évoquent toujours le portrait d’une enfant. Il y a toujours une allusion aux petits films faits en famille, films qui ont comme protagoniste un/une enfant.
- Parce que toute invention naît d’un souvenir de cinéphile, on dirait que chaque image et chaque cadrage est l’écho de quelque chose ou imite quelque modèle ou rappelle au spectateur qu’il est dans un univers particulier qui est celui d’un film.
- La voix qu’on entend est inconnue , c’est une voix off et elle appartient à un narrateur omniscient qui connaît toute l’histoire. On a l’impression d’un historien.
- Le texte est très intéressant et surtout surprenant : il mélange des détails extrêmement précis et insignifiant (et à cause de cela complètement déroutants) qui n’ont aucun rapport avec le sujet du film, avec des détails liés à la naissance de la protagoniste donnés sur un ton et registre volontairement scientifiques.
- Un montage syncopé, très rapide
- C’est la voix off qui donne un sens à la succession des images et qui guide, entraîne le spectateur.
- C’est la musique qui envoûte le spectateur : l’accordéon, instrument typiquement parisien, évocation d’une musique populaire du début XXème siècle. Musique qui rappelle les guinguettes et les bals populaires
- Les mouvements rappellent un ciné-amateur, ils sont parfois un peu incontrôlés (apparemment) , mais grande professionnnalité en fait, on veut donner l’impression de la naïveté, mais rien de moins naïf.
- Les grosses lunettes d’Amélie : elles paraissent quand on cite la photographie, rappel du fait qu’on est en train de regarder un film… ;
- Les bruits de fond sont souvent peu reliés aux images qui défilent…
- .Écriture cinématographique en abyme parce qu’on continue à évoquer les instruments et les règles de réalisation d’un film et aussi la tradition.
IIème séquence : l’enfance d’Amélie
Transcription du texte de la deuxième séquence
Le père d’Amélie, ancien médecin militaire, travaille aux établissements thermaux d’Enghien-les-Bains
Bouche pincée, signe de manque de cœur.
RP n’aime pas pisser à côté de quelqu’un. Il n’aime pas :
– surprendre sur ses sandales un regard de dédain.
– Sortir de l’eau et sentir coller son maillot de bain.
RP aime :
– arracher de grands morceaux de papier peint.
– aligner toutes ses chaussures et les cirer avec soin.
– Vider sa boîte à outils, bien la nettoyer et tout ranger. Enfin.
La mère d’Amélie, Amandine Fouet, institutrice originaire de Gueugnon, a toujours été d’une nature instable et nerveuse.
Spasme nerveux, témoin d’agitation névrotique.
AP n’aime pas :
– avoir les doigts plissés par l’eau chaude du bain.
– Etre, par quelqu’un qu’elle n’aime pas, effleurée de la main.
– Avoir les plis du drap imprimés sur la joue le matin.
AP aime :
– les costumes des patineurs artistiques sur TF1
– faire briller le parquet avec des patins
– vider son sac à main, bien le nettoyer et tout ranger. Enfin.
Amélie a 6 ans. Comme toutes les petites filles, elle aimerait que son père la serre dans ses bras de temps en temps. Mais il n’a de contact physique avec elle qu’au cours de l’examen médical mensuel.
La fillette, bouleversée par cette intimité exceptionnelle, ne peut empêcher son cœur de battre la chamade. Dès lors, son père la croit victime d’une anomalie cardiaque.
A cause de cette maladie fictive, la petite Amélie ne va pas à l’école. C’est sa mère qui lui tient lieu de préceptrice.
-Les poules couvent souvent au couvent.
– Les poules couvent…..
– Très bien…
– souve en couve
– Non !
Privée du contact des autres enfants, ballottée entre la fébrilité de sa mère et la distance glaciale de son père, Amélie n’a de refuge que dans le monde qu’elle invente.
Dans ce monde, les disques vinyles sont fabriqués comme des crêpes et la femme du voisin, dans le coma depuis des mois, a en réalité choisi d’effectuer d’une traite la totalité de ses heures de sommeil.
Comme ça, je pourrai rester éveillée jour et nuit le reste de ma vie.
Le seul ami d’Amélie s’appelle le Cachalot. Malheureusement, l’ambiance familiale a rendu le poisson rouge neurasthénique et suicidaire.
Les tentatives de suicide du Cachalot ne faisant qu’augmenter le stress maternel, une décision est prise.
Assez !!!!!
Et puis, un jour, c’est le drame. Comme chaque année, Amandine Fouet emmène sa fille brûler un cierge afin que le ciel lui envoie un petit frère.
La réponse divine intervient trois minutes plus tard. Hélas, ce n’est pas un nouveau-né qui tombe du ciel, mais une touriste québécoise, Marguerite Bouchard, résolue à en finir avec la vie.
Amandine Poulain, née Fouet, est tuée sur le coup.
Questions :
– Comment les personnages sont-ils présentés ? Par quels aspects et facteurs ?
– On parle pour ces présentations de pantomime. Pourquoi à votre avis ?
– Du point de vue de la photographie, comment voyez-vous les personnages ? Quels sont les plans favoris du réalisateur ?
– Quel est le ton dominant dans cette première présentation ?
– Quelques trouvailles numériques non traditionnelles…
– Qui parle ? Quel type de narrateur ?
– Comment sont les mouvements de la caméra ?
– Les travelling ?
– Les angles des prises de vue ?
– Repérez tous les éléments qui relèvent de l’ironie (=présenter comme des vérités évidentes et reconnues des faits absurdes et/ou faux/invraisemblales)
– A quel moment y a-t-il un changement de ton ?
– Deux épisodes reliés au suicide : sont-ils racontés sur le même ton ?
– Quel est à votre avis le sens profond de cette présentation ? Quels thèmes se dégagent de ces séquences ?
1. Il s’agit de portraits contextualisés de certains des protagonistes basés sur leurs passions et sur leurs idiosyncrasies (il/elle aime…, il/elle n’aime pas…)
2. La pantomime est un art du spectacle qui communique sans support verbal, par le seul geste, par la mimique, en appuyant sur des performances expressives, par moments exagérées. Ici les personnages présentés ne parlent pas, il y a une voix off qui les présente par leurs caractéristiques et les personnages doivent interpréter ce que la voix dit grâce à des gestes parfois un peu caricaturés
3. Le ton est évidemment celui de l’ironie, du grossissement et de la caricature, qui présente les personnages comme des marionnettes (pantomime). Le spectateur rit et il est rassuré sur sa normalité par la confrontation avec des personnages caricaturaux.
4. Par exemple, les phrases écrites pour signaler les tics des personnages, les LP comme des crêpes, le monstre vert d’Amélie.
5. Le narrateur (voix off) est omniscient et tend à créer un lien entre le spectateur et les personnages mis en scène. Ce que normalement le cinéma communique par les images est ici communiqué par un texte verbalisé et les images en mouvement sont là comme exemplification et documentation de ce qui est raconté par la voix off.
6. Les mouvements sont fluides, avec beaucoup de travelling (en avant, en arrière, frontal, etc.). Cadrages bien faits.
7. Tous les éléments de la présentation relèvent de l’ironie…
8. jusqu’à un changement de ton, avec le poisson rouge jeté dans le canal, avec le visage triste d’Amélie et la mort successive de la mère d’Amélie.
9. Le suicide du poisson est encore joué sur le ton de l’ironie et de l’amusement, le suicide de la québécoise, surtout pour son issue, frôle le tragique et surtout, si c’est de l’humour, c’est de l’humour noir.
10. La présentation d’abord nous introduit à un récit où l’humour, l’imagination, par moments la fantaisie et l’invention (donc l’irréalisme et le « fabuleux »). Les thèmes fondamentaux sont ceux de famille qui au lieu de favoriser l’évolution équilibrée des enfants, devient la prison qui les conditionne, les isole, les rend incapables d’affronter l’avenir de manière sereine. La solitude dans les villes (et la solidarité de l’autre coté comme valeur positive) est un autre thème central, avec une affirmation importante de la nécessité d’avoir le courage de chercher le bonheur au lieu de s’enfermer dans ses propres névroses défensives.
Amélie 3ème séquence
Questions :
Relevez tous les personnages présentés. Pour chacun dites ce qui est souligné…
Gina………………………
Hipolito…………………………..
Joseph………………………
Philomène……………………….
Rodrigue…………………………….
Le clochard……………..
Le père d’Amélie………………………..
(à la fin de la séquence) M.Dufayel…….
Que pensez-vous du discours d’Amélie au spectateur ?
Quelle est la situation d’Amélie au début de la narration ?
Quels sont les petits plaisirs d’Amélie ? Qu’ont-ils en commun ?
Relevez les détails singuliers………………………………
Transcription du texte de la troisième séquence
Voilà Gina, la collègue d’Amélie. Sa grand-mère était guérisseuse. Ce qu’elle aime, c’est faire craquer les os.
On la voit qui sert un Kir-Framboise à Hipolito, l’écrivain raté.
Lui, ce qu’il aime par-dessus tout, c’est voir à la télé un toréador se faire encorner.
Le type qui les observe, l’air mauvais, c’est Joseph, un amant jaloux éconduit par Gina.
Il passe ses journées à l’espionner pour voir s’il a un remplaçant. La seule chose que celui-là aime, c’est crever les pustules des emballages en plastique.
Et enfin, voilà Philomène, l’hôtesse de l’air. C’est Amélie qui garde son chat Rodrigue quand elle part en voyage.
Philomène aime le bruit du bol d’eau sur le carrelage.
Rodrigue, quant à lui, aime être présent quand on raconte des histoires aux enfants.
Ah non, merci ma p’tite dame, j’travaille jamais l’dimanche.
Souvent, le week-end, Amélie prend le train gare du Nord pour aller rendre visite à son père.
– Mais, pourquoi tu profiterais pas de ta retraite p…
– Pour quoi faire ?
– Ben, pour voyager. T’as jamais quitté Enghien…
– Quand on était jeunes, avec ta mère, on aurait bien voyagé, mais on ne pouvait pas. A cause de ton cœur.
– Oui, je sais.
– Alors, maintenant… maintenant !
Parfois, le vendredi soir, Amélie va au cinéma.
J’aime bien me retourner dans le noir et contempler le visage des autres spectateurs.
(Jules et Jim : Au premier qui arrive au bout de la passerelle !)
Puis, j’aime bien repérer le petit détail que personne ne verra jamais.
Par contre, je n’aime pas, dans les vieux films américains, quand les conducteurs ne regardent pas la route.
Amélie n’a pas d’homme dans sa vie. Elle a bien essayé une fois ou deux, mais le résultat n’a pas été à la hauteur de ses espérances.
En revanche, elle cultive un goût particulier pour les tout petits plaisirs : plonger la main au plus profond d’un sac de grain, briser la croûte des crèmes brûlées avec la pointe de la petite cuiller et faire des ricochets sur le Canal Saint-Martin.
Lui, c’est l’homme de verre. A cause d’une maladie congénitale, ses os se cassent comme du cristal. C’est pour cela que tous ses meubles sont molletonnés. Une simple poignée de main risquant de lui broyer les métacarpes, ça fait 20 ans qu’il évite de sortir de chez lui.
Le temps n’a rien changé. Amélie continue à se réfugier dans la solitude. Elle prend plaisir à se poser des questions idiotes sur le monde ou sur cette ville qui s’étend, là, sous ses yeux.
Combien de couples, par exemple, sont-ils en train d’avoir un orgasme, à cet instant précis ?
Quinze !